Tout commence en 2018 lorsque deux frères jumeaux, Matthieu et Charles Neuville, se lancent dans le projet fou de réinventer notre façon de construire. Adieu le béton traditionnel, énergivore et bonjour au béton à base d’argile crue. Cette entreprise landaise s’appelle Matter’up et voici son histoire.

Matter’up : des fondateurs visionnaires

La population mondiale ne cesse de croître et avec elle, la construction de nouveaux logements. La plus part de ces bâtiments sont composés majoritairement à partir de béton. Le ciment est l’ingrédient principal et il nécessite d’être chauffé à 1 400 degrés celsius pendant 13 heures ! Ce processus ne fait qu’augmenter nos émissions de CO2 et représente l’un des grands challenges du changement climatique.

Matthieu Neuville est un docteur en physique et en chimie. Il a travaillé pendant plus de 10 ans en Recherche et Développement chez Lafarge puis au sein de l’entreprise Total Energies dans le domaine des ciments et bétons. Son frère, Charles a quant à lui effectué une carrière dans la finance dans la banque d’investissement Société Générale. A eux deux, ils forment un duo de choc. Ils sont rejoints par leur ami et docteur en chimie Manuel Mercé. Ce dernier est spécialisé dans le recyclage et la durabilité des enrobés.

La collaboration des trois hommes fleurit et en 2018 Matter’up voit le jour. Leur objectif est simple : créer un ciment à base d’argile et réduire de 40 % les émissions d’un ciment traditionnel. Et bien, c’est chose faite ! Breveté en interne, avec leur ciment d’argile Argiroc et Cycla, Matter’up exploite cette ressource naturelle d’une manière éthique et respectueuse de l’environnement.

L’innovation landaise séduit de nombreux investisseurs et en 2020, seulement deux ans après la création de la start up, l’entreprise reçoit un financement d’un montant de 3 millions d’euros de la part de quatre grands fonds, de l’Ademe, de la région Nouvelle-Aquitaine, de bpifrance et d’autres partenaires bancaires. De quoi donner tous les moyens à Matter’up de développer encore plus leur technologie et leurs usines.

L’argile crue, une ressource naturelle abondante et respectueuse de l’environnement

Matter’up possède deux gammes de produits : Argiroc et Cycla. La première est issue du ciment d’argile MCC1, une argile locale et crue qui ne nécessite aucune cuisson. L’exploitation de la ressource est à proximité du lieu de production ce qui réduit davantage les émissions de CO2.

La seconde gamme de ciment d’agile, Cycla provient de déchets de chantier. Comme son nom l’indique, ce produit se base sur le principe d’une économie circulaire en réutilisant les déblais de chantiers, de sédiments de dragage, de fines de carrières ou de terres d’excavations. Matter’up voit ces chantiers comme une vraie opportunité : « En transformant du déchet en matériau, la ville devient dès lors sa propre carrière. » Voici la belle philosophie de la start up française qui nous montre bien qu’il est possible de produire tout en respectant l’environnement.

De plus, nous sommes souvent à la recherche de nouveaux matériaux et sources d’énergies plus respectueux de la planète. L’argile crue à un coût carbone très bas puisque son empreinte carbone est de 350 kg de C02 par tonne, soit une réduction de 40 % par rapport à une tonne de béton traditionnel. L’argile est également une matière locale extrêmement abondante. Il existe plus de 2 millions de milliards de tonnes exploitable dans le monde ! De quoi construire des bâtiments pour plusieurs générations à venir.

L’argile crue est aussi une vraie solution dans le monde de la construction grâce à sa versatilité. Dans un immeuble, ces pierres de béton à base d’argile crue peuvent être utilisés pour la voile intérieure ou extérieure, la dalle, la chape, les escaliers ou encore le pré-mur. Cette argile crue peut également être utilisée pour l’aménagement urbain tel que les pistes cyclables et le mobilier urbain (bancs).

Un autre avantage de cette nouvelle manière de construire est son côté esthétique. Finit sont les bâtiments gris et ternes, avec l’argile crue de Matter’up ces pierres peuvent refléter l’environnement ambiant. Prenons par exemple la ville rose de Toulouse, Matter’up a la possibilité de produire un béton d’argile crue dans le même coloris des pierres de la ville du Sud-Est.

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